Sunday, February 28, 2010

Noel a Java

Ce noël, nous avons pris le froid a contre-pied, et avons franchi l'équateur vers le sud, direction la principale ile indonesienne, Java, pour un périple de Yogyakarta, Borodubur, jusqu'à l'extrême est de l'ile, au Kawa Ijen, avant de repartir par Surabaya.



Arrivée a Yogyakarta,on se pose dans un bel hôtel histoire de ne pas trop se dépayser, un bâtiment de l'ère coloniale près du centre ville.

On se ballade dans la ville culturelle, on visite le palais (Kraton) du sultan local toujours en place. Sa richesse contraste fortement avec le niveau de vie ambiant (1000 serviteurs dont pas mal de gardes, 5 serviteurs pour lui apporter le thé tous les jours, tout ca manque de simplicité). Le palais lui même est grand mais pas époustouflant non plus car très oriente sur l'apparat et les réceptions (on préfère notre hôtel :-) )



La différence de niveau de vie avec Bali nous marque pas mal, le niveau de vie semble nettement plus bas. Énormément de Becak, le cyclo-pousse local, de motos, mais aussi de petites boutiques, de restaurants dans la rue. Du coup d'un premier abord, la ville est beaucoup moins facile a aborder que Bali (que l'on voit a l'extrême droite de notre photo itinéraire) ou les enseignes et les jolis restaurants fleurissent partout. On réalise alors que si Bali est définitivement orientée et peuplée de touristes, Java est avant tout organisée pour et peuplée ... de Javanais !
(pres de 140 Millions tout de même sur cette ile la plus peuplée de la planète, qui est pourtant cinq fois plus petite que la France). Le climat est très proche de Singapour, équatorial, ce qui fait de Java, avec ses sols volcaniques ultra fertiles, une incroyable zone de production agricole. C'est aussi -et c'est une des raisons principales de notre voyage, une des zones volcanique les plus active au monde. Notamment avec le mont Merapi, 2968m, dominant Yogya, qui lors de l'éruption de 2006 força l'évacuation de milliers de personnes.
Yogya (qu'en bon initié vous prononcerez jogueja) est aussi la ville de la culture javanaise. Pas mal de spectacles de marionnettes (wayang kulit) par ombres chinoises ou en vue directe, de spectacles de danse (la on est très proche du Kecak balinais, cf notre ballade balinaise précédente).


Le lendemain, qui est aussi le jour de noël nous chaussons nos bonnets de circonstance pour faire un petit coucou a ceux qui fêtent ca en famille, avant de partir pour le temple de Borobudur.


On arrive sur place en soirée, ayant réservé le seul hôtel qui se trouve dans l'enceinte du temple. On recommande, car l'endroit, sans être luxueux, est très bien, et surtout très calme, dans son écrin de verdure, au bord du temple. On aura peu de moments et d'endroits calmes comme ca, Java n'est pas l'ile la plus peuplée au monde pour rien ... Une rapide visite au temple nous montre cela: le temple est plein de monde, de javanais, peu de touristes, surtout des locaux, des hordes de groupes scolaires, qui veulent se faire prendre en photo a cote de nous caucasiens. On prend la chose comme un contact marrant.
Et le temple est définitivement blindé de monde, on est loin des images genre je médite seul tel bouddha au sommet de Borodubur:
Le temple est impressionnant, car très étendu, c'est une immense masse de pierre, construite au neuvième siècle, pour faire rayonner la parole de bouddha. Wikipedia a un article très détaillé pour les curieux http://en.wikipedia.org/wiki/Borobudur
Et malgré la foule on en vient a aimer trainer entre les stûpas, a chercher ou se trouvent les bouddhas bien conservés, et a regarder cette foule locale qui visite le temple.

Le lendemain matin, réveil matinal pour aller admirer le temple dans les lueurs matinales, et si possible avec un peu moins de monde. Démarrage vers 6H vers le temple, et en effet c'est beaucoup plus calme. Les lueurs matinales rendent l'endroit très beau, avec les montagnes et la jungle environnante, et c'est un réveil très agréable. 10-15 personnes a peine dans le temple, a regarder le soleil se lever a cote des bouddhas caches dans leur stûpas qui voient ce lever de soleil depuis 13 siècles, c'est nettement plus bucolique que la veille !
On restera pas mal de temps a profiter de ce bel endroit...


La visite suivant nous mène a Prambanan, son pendant Hindouiste. Prambanan est un très grand temple hindouiste, datant de la même époque que Borobudur, sorte de réponse du berger a la bergère, les deux influences étant en lutte sur Java avant que l'islam ne l'emporte au 14ieme siècle. Après avoir visite Borobudur, on est beaucoup moins sensible au classicisme de Prambanan, qui lui aussi draine les foules massives de Java. On y trouve notamment de très beaux bas reliefs et sculptures hindouistes, notamment dans le petit musée attenant.




On part ensuite pour la partie plus nature de Java: les volcans et notamment le Bromo. En route, de superbes paysages de jungle, de rizières en terrasse, le vert, partout! Heureusement car la route est longue...


Arrives finalement sur les flancs du Bromo, on apprécie la fraicheur ambiante (1800m, ~20 degres). Ici, une allemande a aménagé une guest-house très routarde, très sympa, avec un petit air de chalet d'altitude autrichien a la sauce javanaise. Un point important, ils font très bien a manger, notamment les desserts, ce qui change en Indonésie ou la gastronomie est très très standardisée. On est dans le village, ou on peut partir se balader a pied, admirer notamment les parcelles vertigineuses aménagées a flanc de volcan. Ici la terre n'est pas en friche, elle est tres cultivée !
On monte ensuite au Bromo, du moins au flanc de la caldeira dans laquelle il se trouve, parmi de nombreux autres cratères.

L'ascension, facile, donne accès au bord du cratère d'où s'échappe continuellement une fumée épaisse et chargée en souffre. Le grondement du cratère nous impressionne tous, et nous remet bien a notre place de petits êtres humains.

Le lendemain, réveil très matinal pour admirer le lever de soleil sur un des sommets de la caldeira, a 2,750m. La ballade (principalement en jeep) est loin d'être aussi bucolique qu'on pourrait l'espérer, plusieurs centaines de personnes venant s'entasser sur un tout petit sommet. Après s'être frayes un chemin vers le rebord, on attend patiemment avec la foule le lever du soleil (et des nuages, saison des pluies oblige). Le soleil fini par se lever, et le spectacle est, malgré la foule, tout a fait grandiose. Lever de soleil, Bromo qui fume avec le Semeru au fond (le sommet de Java, 3,676m), presque cache par la fumée du Bromo, la gigantesque Caldeira, les volcans a perte de vue, vers l'est de Java, c'est en effet quelque chose.


Forts de ces panoramas sur la suite de notre voyage toujours plus vers l'est de Java, nous filons ensuite vers le plateau de l'Ijen, plateau entre 1000 et 1500 mètres, a l'extrême est de Java, juste avant le détroit de Bali. Région qui s'est développée pendant les colonies, l'altitude élevée en faisant une zone idéale pour la culture du café et des Hévéas, pour le caoutchouc. La route pour y monter est assez mauvaise, 15km d'une route totalement ravagée par les averses équatoriales et transformée en une piste de pierres particulièrement mauvaise (il nous faudra une heure pour la passer) . La voiture ne ressortira pas indemne de cette épreuve...

La haut, des sommets a perte de vue, et la plantation ou nous allons passer la nuit. Ancienne demeure coloniale, comme la saison est plutôt calme, on nous donne deux immenses et superbes chambres. On prend la haut l'incroyable ténacité de ces colons qui, en 1850, sont venus installer et organiser leurs plantations en pleine jungle, dans cet endroit inaccessible. Déjà assez dur de nos jours, on imagine la démarche il y a 120 ans!
Cet endroit est émouvant pour cet aspect, on se rend compte de ce qui a été construit de mains d'hommes et aussi par une volonté de fer !
La jungle, avec ses arbres immenses, qui entourent le village de la plantation, rappelle bien que la nature est ici extravagante. Dans la maison coloniales de vieilles photos de famille, des souvenirs plus exotiques comme par exemple la capture d'un jaguar dans la plantation. Ont-ils également croise un tigre, la photo ne le dit pas. Face a cette jungle, on se sent tout petits...

La plantation de Blawan est aussi un exemple édifiant de rationalisation d'un espace atour de la plantation, tels nos villages ouvriers. Création d'un village avec la mosquée au bout, l'usine de l'autre cote de la seule rue, au bord du torrent capté pour injecte de l'eau dans l'usine de séchage et d'emballage du café, aujourd'hui captée pour fournir l'électricité du plateau, et toujours l'usine qui fonctionne encore de nos jours. Le café ne faisant plus aussi recette que par le passé, l'usine s'est diversifiée, et produit également une quantité importantes de fraises tout au long de l'année, on a du coup bien approfondi la question :)
Dernier point, le village a ses sources chaudes, ou l'eau sort a 40 degrés. Les sources sont tellement chargées en souffre que tout ce qui y repose est jaune. Le bain y est très agréable

Et c'est le souffre qui guide notre voyage, le lendemain, ascension matinale du Kawa Ijen, cratère qui culmine a 2400 mètres, et qui est connu pour son lac d'acide et ses gisements d'où sort continuellement de la vapeur d'eau très fortement chargée en dioxyde de souffre, que l'homme vient récolter dans des conditions moyenâgeuses... c'est a dire sur son dos.
Le cratère et les gisements de souffre donnent un paysage assez lunaire, aucune végétation ne pousse dans et autour du cratère a cause des vapeurs de dioxyde de souffre. En bas, au pied du lac, les hommes récoltent le souffre en fusion qui se solidifie a l'air. le souffre est ensuite remonte en haut du cratère pour être redescendu a l'usine de raffinage ou le souffre est purifié.



Pas de masques a gaz mais juste un chiffon humide, sauf pour les chanceux a qui les touristes ont laisse le leur (dans la descente, si vous etes pris dans le nuage, il faut les masques, ca pique les yeux, ca brule la gorge, donc il faut un masque, et ce n'est pas une ballade pour les asmatiques).
Ici la recolte et le chargement du souffre dans les paniers de transport.


Une fois charges, les hommes transportent chacun 60-85kg de souffre, soit souvent plus que leur poids. Deux trajets par jour. On laisse nos masques a gaz sur place, un peu remues par le spectacle.


Ici le heros local est ... Nicolas Hulot, l'Olibrius, est venu faire connaitre la région, le très dur labeur de ces hommes, et faire une ballade en canoë sur le lac d'acide pour amuser la galerie franchouillarde derriere la TV. Je doute que cette fois ci il soit passe a l'eau...
Mais en attendant, sa venue a decuple les visites touristiques, donc l'activite locale, et en plus ces touristes sont sensibles au dur labeur des travailleurs du Kawa Ijen, et laissent ici une paire de bonnes chaussures, la quelques masques a gaz, parfois un poruboire pour une explication de la souffriere... Et tous semblent le vénérer, pour ces bienfaits qu'il a apporte grâce a sa visite.

Pour se remettre de cet épisode un peu cru, nous allons passer 3 jours dans le sud du Kawa Ijen, dans un petit village sur les flancs de l'Ijen, Kalibaru, ou se trouve un hôtel parfait pour finir nos vacances et nous remettre de ces expositions un peu trop directes aux vérités locales au cœur d'un très beau paysage du sud est asiatique.


Direction donc le Margo Utomo, petit jardin botanique, peuple de plantes et fleurs variées, et offrant un lieu de repos, et d'ouverture aux exploitations agricoles, le resort étant un "agri-resort", nourrissant les touristes essentiellement des produits de son exploitation attenante, et du lait des vaches de l'exploitation, dont est tirée entre autres une mozzarella excellente.
La visite de l'exploitation apporte ses découvertes: vanille, muscade et noix de muscade, poivre (j'ai teste, même frais c'est super fort !), café, cacao, mais aussi les petits veaux, qui enchantent les enfants, les garçons sont gagas.


Retour ensuite vers Surabaya, pou l'avion doit nous ramener a Singapour. En route, le chauffeur nous prévient de l'énormité des bouchons aux abords de la ville, sans s'étendre.
Arrivant sur place, nous comprenons l'ampleur du problème. Juste avant Surabaya se trouve Sidoarjo, petite ville tristement célèbre pour son volcan, crée par l'homme celui-la: un gigantesque volcan de boue, une boue totalement stérile et qui sort a 70 degrés. Le problème, c'est que l'éruption, qui a commence en mai 2006, ne s'est jamais arrêtée, et si elle est "non violente", elle sort tout de même l'équivalent de 2500 mètres cubes de boue par jour. Ça devient vite envahissant...

Contre coup de cette émission de boue, des villages entiers ont du être évacués, l'autoroute est maintenant sous 9 mètres de boue, et tout le trafic automobile doit passer par une petite route bien chargée. Surabaya étant un port de fret très important, les camions s'entassent sur cette route. Pour protéger l'accès a Surabaya, cette dernière route et la voie ferrée, une immense digue a été construite pour contenir le flot de boue. Lors de notre passage, elle faisait 12 mètres de haut, et la boue était a 9 mètres de hauteur, et s'entend a perte de vue vers la mer ou les pouvoirs publics essayent de diriger le flot.
Accident d'un forage non réalisé dans les règles de sécurité par une société (PT Lapindo Brantas ) qui appartenait a des membres du gouvernement Indonésien, les géologues s'attendent a ce qu'elle coule sur les trente prochaines années, avec les risques de déstabilisation géologiques qu'entraine un tel déplacement de masses. L'article wikipedia sur le sujet vous en dira plus, notamment les photos du boston globe:
http://en.wikipedia.org/wiki/Sidoarjo_mud_flow
http://www.boston.com/bigpicture/2008/06/sidoarjos_manmade_mud_volcano.html

Ce spectacle laisse un gout un peu amer...



Mais Java est définitivement un ile très attachante, qui ne peut laisser indifférent.